Modification des institutions - Francis Huss : «Il faut renforcer le pouvoir des Français de l’étranger»

Il semble évident que le rôle des français résidant à l'étranger dans la richesse nationale au sens large va prendre une importance de plus en plus grande. C'est d'ailleurs pourquoi Le Président de la République a poussé la modification historique des institutions voulant que les Français résidant hors de France soient représentés par un député dès 2012 lors des élections législatives prévues à cette date.

Notre think tank, par vocation progressiste et donc agitateur d'idées réformistes, souhaite que la modification des institutions soit aussi l'occasion de revoir l'ensemble du fonctionnement pour une meilleure efficacité des institutions présentes à l'étranger. Elles se doivent être au service des français et des entreprises pour une réforme importante .

Francis Huss, Conseiller élu à l'Assemblée des Français à l'Etranger (AFE) dont il est le Premier Vice-Président a donné une interview au Courrier d'Espagne dans laquelle il expose son point de vue sur les évolutions à venir, les réformes, les priorités de l'action en faveur de nos concitoyens résidant à l'étranger.

On peut cependant regretter que Francis Huss se prononce peu sur les évolutions et les réformes à mettre en oeuvre pour renforcer le pouvoir et le rôle des français de l'Etranger. Il expose par contre très bien l'utilité de l'Assemblée des Français de l'Etranger et son positionnement dans les institutions françaises en la comparant à un Conseil Général par définition proche de ses concitoyens.

Pour réussir pleinement cette mission, et faire des Conseillers à l'AFE un vrai lien légitime et efficace avec les français de l'Etranger, ne faudrait-il pas en augmenter largement ses effectifs? C'est ce que je pense. Notre think-tank prendra part à ce débat dans l'optique des élections de 2012 et défendra, avec tous ses membres, les réformes courageuses et ambitieuses.

Christian Le Maître

Président francais-etranger.org

Installé en Espagne depuis 1962, Francis Huss, président pour l’Espagne de l’Union des Français de l’Etranger (UFE), vient d’être élu premier vice-président de l’Assemblée des Français de l’Etranger dont le siège est à Paris. Il revient sur son parcours et l’importance de la défense des droits des Français de l’étranger.

Le Courrier d’Espagne : Vous avez été élu au poste de premier vice-président de l’AFE. Qu’est-ce que cette assemblée ?
Francis Huss : L’Assemblée des Français de l’Etranger est composée de 155 membres élus qui élisent à leur tour 12 sénateurs, six tous les trois ans. Elle est présidée par le Ministre des Affaires étrangères et élit trois vice-présidents. Elle possède en outre un conseil formé par dix personnalités compétentes « désignées » par le premier Ministre et choisies parmi les représentants de la communauté française, tels que les présidents des grandes associations, l’aumônier général des paroisses, etc. Elle possède à peu près les mêmes particularités qu’un Conseil Général. Sans ses budgets évidemment. Son rôle est d’aborder les thèmes qui préoccupent la communauté française de l’étranger. Pour cela, elle se réunit en séance plénière deux fois par an et son bureau se réunit quatre fois par an.

LCE: Pouvez-vous nous raconter votre élection et en quoi consiste votre poste ?
J’ai été élu premier vice-président pour trois ans après avoir fait campagne à Paris sur un programme en trois points : action, réforme et communication. Ce poste consiste à organiser les réunions de l’Assemblée, présider des séances et inviter des personnalités pour réfléchir aux grandes préoccupations des Français de l’étranger.

LCE: Quels sont vos principaux combats ?
Mon souhait est d’abord de renforcer les pouvoirs des Français de l’étranger. Pour cela, il est indispensable qu’augmente le taux de participation qui n’est actuellement que de 12% en Espagne, ce qui pose un grave problème de légitimité. Il faut donc communiquer davantage. Dans ce sens, nous avons obtenu de participer au point presse du Ministère des Affaires étrangères quatre fois par an.

De quand date votre engagement à l’AFE?
Je suis élu de l’AFE depuis 1991, date à laquelle j’ai pu lever un peu le pied professionnellement et donc m’engager politiquement. J’ai toujours eu envie d’être utile aux autres et je m’intéresse à la politique depuis tout jeune. A 13 ans, j’aidais déjà à coller les affiches… Lorsque je suis arrivé en Espagne, en 1962, je ne pouvais pas faire de politique. D’abord, la situation ne s’y prêtait pas et puis je travaillais trop. Mais dès que j’ai pu, je suis rentré à l’Union des Français de l’Etranger afin de jouer un rôle pour la communauté française, faire des propositions…

LCE: Par exemple ?
J’ai proposé de créer un poste de médiateur européen chargé de veiller à l’application des directives européennes dans son pays. Un projet que le député européen Alain Lamassoure est en train de faire passer aujourd’hui. Globalement, je suis amené à travailler avec les autres élus dans des domaines aussi variés que l’administration sociale, les caisses de retraite et de maladie, l’économie, l’éducation, l’état civil, etc. Tout cela avec l’aide d’attachés parlementaires très efficaces. J’ai eu la satisfaction d’aider des compatriotes à obtenir des indemnités chômage ou le remboursement d’importants frais de santé par exemple.

LCE: Quels sont les dossiers qui intéressent le plus les Français de l’étranger
?
Je pense que le principal dossier, le plus polémique en tout cas, concerne la prise en charge des frais de scolarité dans les Lycées Français. Aujourd’hui, les Français ne paient plus les frais de scolarité pour les enfants de Seconde, Première et Terminale. Et le Président de la République s’est engagé à ce que la gratuité s’étende jusqu’aux maternelles. Mais cette mesure coûte cher, c’est pourquoi un moratoire a été décrété et nous ne savons pas ce que l’avenir dira sur ce dossier.

LCE: En quoi ce dossier est-il polémique ?
Certains estiment qu’offrir la gratuité signifie donner de l’argent aux riches et que l’attribution de bourses aux familles ayant des revenus modestes suffit. Mais pour le moment ces bourses, qui couvrent de 0 à 100% des frais en fonction des revenus des parents, ne sont perçues que par environ 30% des élèves des Lycées Français. De l’autre côté, alors que les expatriés ne sont que 8% des résidents français en Espagne, leurs enfants représentent 20% des effectifs dans les Lycées car les frais sont pris en charge par leur entreprise. Ce qui veut bien dire que le coup de la scolarité décourage certains parents. De fait, les classes moyennes nous disent qu’elles éprouvent des difficultés à payer les 4500 € par enfant et par an que coûte la scolarité française à l’étranger.

LCE: Dans ce cas, quel est votre rôle?
Défendre les convictions de l’UFE, dans ce cas en faveur de la gratuité totale de la scolarité des Français- Et agir dans le cas où il faille négocier un plafond de revenus par exemple… C’est pourquoi il est fondamental que les gens votent.

LCE: Quand auront lieu les prochaines élections des conseillers de l’AFE?
En 2012. En espérant que la participation augmente car ces élections sont prises trop à la légère alors que nous avons un rôle important à jouer. Notamment en matière d’informations sur les droits de chacun. La preuve : beaucoup de parents d’élèves de Première, Seconde et Terminale ont demandé la prise en charge des frais de scolarités trop tard car ils ne savaient pas qu’il fallait remplir le dossier avant le 31 mars…

LCE: En 2012 auront lieu aussi les législatives avec pour la première fois l’élection de députés des Français établis hors de France. En quoi cela affectera l’AFE ?
La création de postes de députés de Français de l’étranger était promise par tous les Présidents et il semblerait que cela sera enfin en place pour les prochaines législatives. Nous ne savons pas encore en quoi cela nous affectera. Mais les députés auront vraisemblablement un rôle complémentaire à celui des conseillers de l’AFE.

LCE: Ne risque-t-il pas d’y avoir doublon?
Sûrement pas. Supprimer l’AFE cela reviendrait a effacer d’un coup la mairie, le conseil général et le conseil régional… D’autant plus que les députés ne pourront pas avoir la connaissance du terrain qu’ont les conseillers. Pour leur élection, la carte du monde a été découpée en onze circonscriptions qui représentent chacune entre 90 000 et 130 000 électeurs, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes de continuité territoriale et de taille. Comment espérer représenter les habitants d’une circonscription qui s’étend de la Russie à la Chine et englobe aussi l’Australie ? Ou de celle qui couvre toute l’Afrique noire mais aussi une grande partie du Proche et du Moyen-Orient ? Là encore nous avons un rôle à jouer.

Propos recueillis par S.Morel


Suite sur : Le courrier d'espagne: http://www.lecourrier.es

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