La France est-elle gouvernée par les agences de notation ?

Article de Cécile Chevré - moneyweek.fr

http://www.moneyweek.fr/20100838409/conseils/economies/france-moodys-sarkozy-fillon-deficits/

"Moody's met en garde quatre grands pays contre une perte de leur note AAA", titre Le Monde. Le 17 août dernier, l'agence de notation Moody's a une nouvelle fois sorti de ses tiroirs la menace d'une dégradation de la note des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France. En cause – et ce n'est une surprise pour personne – : les déficits publics.

La France peut-elle vraiment perdre son AAA ?

L'annonce de Moody's n'est pas vraiment une nouveauté : les agences font régulièrement ce genre de déclarations, prédisant à chaque fois que l'heure de la sanction approche.

Mais cette fois, la déclaration de Moody's a été prise particulièrement au sérieux par le gouvernement. Marianne2 nous apprend que Nicolas Sarkozy a convoqué en urgence François Fillon, Christine Lagarde et François Barouin pour discuter de la mise en place de la réforme des retraites, quelques heures seulement après la menace de Moody's.

Que risque la France en perdant sa note AAA ?
Le mécanisme qui suit la dégradation de la note souveraine est assez bien connu depuis l'épisode grec. Une dégradation entraîne une perte de confiance des marchés, donc une hausse des taux demandés par les éventuels prêteurs en échange de leur argent. Et au final, une explosion du poids de la dette (les remboursements) qui s'ajoute à la dette elle-même.


Force est de constater que depuis la crise grecque, les gouvernements européens font tous beaucoup d'efforts pour contenter Moody's et consoeurs.

Les agences de notation, ces fameux inconnus
Je ne sais pas si vous avez remarqué, cher lecteur, mais il y a quelques mois personne ne parlait des agences de notations. Standard & Poor's, Moody's, Fitch, ces noms ne disaient pas grand-chose au commun des mortels, sauf si le commun des mortels en question est un assureur suisse.


Mais depuis quelques temps, les agences de notations semblent faire la pluie et le beau temps sur les marchés. Il suffit de se rappeler ce qui s'est passé pour la Grèce à chaque nouvelle dégradation de sa note : une envolée des taux de ses obligations et une nouvelle chute des Bourses. Panique en Europe.

Pourtant les agences reviennent de loin. Accusées d'aveuglement et d'incompétence, et parfois même de complicité, après la crise des subprime, elles ont été sommées de rendre des comptes aux gouvernements et autres autorités financières. Comment avaient-elles pu attribuer des AAA à des produits financiers ou des obligations d'entreprises gangrénées par la bulle immobilière et ses dérivés ? C'est la question qui leur a été posé lors de la première phase de réaction de la crise : les gouvernements ont cherché coupables et complices et ont essayé d'instaurer de nouvelles règles. Elan qui a fait long feu.

Les agences ont fait le gros dos... et ont laissé passer l'orage.

D'autant plus, que les Etats, pour soutenir leurs économies vacillantes, se sont lancés dans de dispendieuses politiques de relance, financées... à crédit.

Tu me tiens, je te tiens par la barbichette...
L'engrenage fatal était lancé. Si vous avez besoin d'argent, vous vous tournez vers votre meilleur ami (qui va vous accorder un prêt sur la foi de votre longue amitié) ou votre banquier (qui va vous demander votre feuille de prêt).


Par contre quand c'est un Etat qui cherche à emprunter, évaluer sa situation s'avère un peu plus compliqué. D'où les agences de notations et l'importance qu'elles ont pris ces derniers temps. Les Etats deviennent prisonniers du jugement des agences et de leurs créanciers.

Les agences de notation sont en train de s'imposer comme un nouvel acteur majeur de la Finance dont les annonces sont plus écoutées que celles d'organisations telles que le FMI. Le problème qui se pose est que les agences sont des sociétés privées régies par des règles opaques loin des critères d'objectivité et d'indépendance que l'on pourrait attendre.

Conclusion : nos gouvernements sont pris au piège d'une logique de réduction des déficits pour plaire aux agences de notations et éviter une dégradation de leur note souveraine. Ce qui laisse présager d'un raidissement des politiques de rigueur partout en Europe, et en particulier en France.

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